Ce fut après quelques minutes de marche seulement que les deux personnes arrivèrent devant le restaurant. Le trajet s'était passé sans encombre et les rues étaient relativement calmes, certaines personnes s'étaient retournées sur le couple improbable que formait l'humain et l'hybride, mais bien entendu, personne ne leur parla de vive voix. L'humain avait bien comprit que, de part sa carrure, les gens avaient peur de lui ou étaient intimidés au moins et il comprenait assez bien ce ressentit.

Le restaurant était assez discret, juste une enseigne non lumineuse indiquant Le Shannon, pas de terrasse. Pour tout dire elle ne payait vraiment pas de mine, les vitre légèrement teintées empêchaient de bien voir ce qui se passait à l'intérieur, ce qui préservait une certaine intimité pour les clients. L'humain s'approcha de la porte et l'ouvrit, invitant la félidé à passer :

« Après vous mademoiselle. »

Bien que son air parut sérieux, on pouvait y déceler un petit sourire qui signifiait qu'il ne se prenait pas lui même au sérieux et, espérait-il, que la féline ne le fasse pas non plus. Puis il la suivit dans le bâtiment. L'intérieur était sobre, la majeur partie du mobilier était en bois, ce qui donnait une certaine chaleur à la pièce. Quelques cadres ça et là avec des paysages, des vases avec des fleurs fraîches, rien de bien notable. Par ailleurs le restaurant n'était pas plein et donc très calme. Une serveuse les accueillit avec un large sourire. Puis après avoir prit connaissance de la réservation et alla les installer sur une table pour deux dans un coin de la pièce puis après leur avoir laissé le menu, elle s'en retourna s'occuper de ce qu'elle avait à faire. Une fois installé, l'homme ne dis rien et attendit d'avoir l'avis de la demoiselle sur le lieu car il était certain qu'elle en avait un, elle en avait toujours un.

La tension de la demoiselle étant retombé, il fut satisfait de l'avoir vu reprendre ses observations rituels sans plus attendre. Mais il fut surpris que la première phrase qui sortit de sa bouche ne fut pas une question, était-ce dû à son nouveau comportement ? Celui là même qui l'empêchait de dormir et que l'homme préférait malgré tout. Toutefois, il ne put qu'acquiescer à la remarque de l'hybride, en effet c'était calme et donc, l'une des raisons pour laquelle il aimait venir ici d'ailleurs.

« En général ils sont plein le midi mais le soir il y a très peu de monde. C'est aussi pour ça que je l'aime bien, avec sa proximité. »

Pour sa part, il n'ouvrit même pas le menu, il était déjà venue plusieurs fois et savait ce qu'il allait commander. Pour ce qui était de sa compagne, il était curieux de savoir ce qu'elle prendrait, curiosité purement enfantine d'ailleurs.

L'homme se laissa aller à regarder autour de lui, puis la voix de Luna lui fit reporter les yeux sur elle avec un sourire amusé. Toujours une question à poser, signe de bonne santé chez elle, ce qui contenta l'homme.

« Une spécialité du chef, un plat très copieux pour les personnes normales mais ce qu'il faut pour moi. Et toi, qu'as-tu choisi ? »

A vrai dire, cette spécialité fut créée exclusivement pour lui ou presque, mais il laissa cela sous silence pour l'instant car d'autre questions viendraient s'ajouter à celle qu'elle venait de poser et il n'en finirait plus. Sans compter qu'il n'aurait pas sa réponse.

La féline avait repéré qu'il s'amusait d'elle, ce n'était en rien méchant et son expression l'amusa encore plus, bien qu'il ne le montra pas. De plus elle commençait de nouveau à poser des question, encore et encore. L'homme ne souhaitait pas subir un interrogatoire toute la soirée, mais pour le moment les questions restaient décentes et étaient dans le cadres de la sortie. Il se contenta donc de répondre.

« Ce n'est pas sur la carte, mais en général on appel ce plat : le spécial du chef. Et il n'est pas sur la carte pour éviter que des gens en prennent sans tout finir, ce qui gâcherait pas mal de nourriture puisque cela équivaut à une double portion. »

En effet le plat était très copieux et en général le chef lui même ne le proposait qu'à certaines personnes. Quant à la composition, il n'en savait rien et cela changeait aussi en fonction du plat du jour et certainement des stocks. Mais le chef allait sûrement passer, elle aurait l'occasion de lui demander. Car le restaurant étant petit et peu fréquenté le soir,le chef prenait souvent le temps de venir voir ses clients pour prendre les avis.

L'entendre et la voir parler ainsi lui fit chaud au cœur, elle semblait oublier ses gènes habituelles et laissait place à la bonne humeur. Pour rien au monde il n'aurait souhaité qu'il en soit autrement. C'est ainsi qu'il  se dit que la soirée allait mieux se passer qu'il ne pouvait l'escompter, encore fallait-il voir sur la durée.

« A vrai dire, il n'hésite jamais et le fait que quand il est certain de lui. Mais il ne lui à pas fallut longtemps pour être fixé en effet. » Fit-il sur le même ton qu'elle.

Puis la serveuse arriva, demandant s'ils avaient choisit, ce à quoi l'homme répondit par l'affirmative. Il laissa la demoiselle donner en premier son plat avant de dire le sien. Puis la serveuse demanda quelle boisson ils comptaient. Après un regard interrogateur à la demoiselle, il convint qu'il allait prendre un verre de vin et laissait à la demoiselle le loisir de choisir ce qu'elle voulait. Une fois la commande expédié, la serveuse parti un petit moment avant de revenir avec une carafe d'eau et du pain. Un autre voyage lui permit de ramené la ou les boissons du drôle de couple. Une fois au calme, l'homme se permit de demander si la demoiselle avait réfléchi à la proposition de Tavish.

L'humain l'écouta attentivement et fut surpris de constater ce qui la repoussait. Puis avec un moment de réflexion, il se dit qu'après tout, il ne savait même pas si elle aimait les enfant, peut être que non et que cela lui inspirait une profonde antipathie. Et il ne voulait pas savoir ce que pouvait donner la rencontre entre Luna et ce qu'elle déteste, déjà que les rencontres amicales étaient très spéciales. Aussi pouvait-il se méprendre, ce qu'il espérait et elle avait juste le trac de travailler avec un enfant. Il mit quelque temps avant de répondre avec un sourire :

« Alors c'est l'occasion. En plus Jennah est une fille très gentille et très calme. De toute manière cela ne te coûteras rien d'essayer, tu n'as rien à y perdre. »

Heureux de voir la féline satisfaite, il sourit légèrement à son tour. La Fille de Tav' était en effet un ange, un peu trop timide même, ce qui faisait qu'elle n'osait pas posé des questions devant toute une classe, d'où le besoin de cours particuliers. L'humain décela la réflexion de la félidé et se demanda en son for intérieur à quoi pouvait-elle bien penser ? Et il eut la réponse sous forme de question, très habituel chez elle après tout. Prendre un petit moment pour réfléchir fut nécessaire avant de répondre :

« Il me semble que cela va faire deux mois, à peu près. Je l'ai rencontré quand je cherchais du travail et il m'a aidé à me faire engagé là où je suis maintenant. »

Tavish était quelqu'un au cœur d'or mais il fallait faire partit de ses amis pour le savoir et surtout en profiter. Eloras avait eut la chance de le rencontrer au bon moment et le courant était tout de suite bien passé avec lui. Depuis il s'occupe de lui sans que Eloras ai demander quoi que ce soit, mais il l'en remercie. Car vivre dans la nature ne demande pas tant de paperasses ou autres. Des fois il regrettait un peu sa vie d'avant, ignorante certes mais plus simple. A cette pensée, son regard se perd sur Luna sans qu'il y prête attention.

A bien  y penser, l'homme avait eut de la chance car il était tombé sur les bonnes personnes, ou peut être savait-il instinctivement les quelles l'étaient. Cela n'était pas à exclure car à en croire ce qu'on lui avait dit, il avait des facultés supérieurs aux humains moyens sur à peu près tous les points sauf celles intellectuelles. En effet, le fait de ne pas avoir eut de  scolarité, à sa connaissance, était un point noir à son tableau. Certes il savait que le monde était régit par les lois de la physique et que si une pomme tombait c'était grâce à elle, mais de là à savoir le pourquoi du comment … Newton lui évoquait quelque chose mais il aurait été incapable de dire qui il avait été et quel avait été son rôle dans l'histoire. Cela n'empêchait pas l'homme de vivre et ses autres facultés compensaient très bien les lacunes. Il était donc probable qu'il arrive à percevoir naturellement les personnes de confiances.  La question de la demoiselle mit un moment à parvenir au cerveau déjà occupé de l'homme et il mit donc un moment avec de réagir, regardant autour de lui comme s'il venait de se réveiller :

« Non rien du tout, je pensais. Un peu trop semble-t-il, excuse moi. Nous appellerons Tav' demain pour lui dire que tu es d'accord, ça te va ? »

Il savait pertinemment que la jeune dame voudrait savoir à quoi il pensait mais il trouvait plus important de mettre au clair son petit boulot plutôt que ses pensées, surtout ce genre là  et en publique. De toute manière qu'elle le voulût ou non, il attachait plus d'importance à la sortir de sa condition d'esclave qu'à ses divagations mentales.

Bien qu'il avait du éluder la question, elle la remettait sur le tapis, elle ne lâchait décidément rien. Mais cette fois, il ne pourrait pas lui fournir de réponse, tout du moins, il ne préférait pas. Non pas qu'il soit sous confidentialité mais si quelqu'un venait à entendre cela même d'une oreilles distraite, il pourrait faire grandir l’intérêt de grand nombre de personne et par là même, mettre en danger la demoiselle ainsi que lui.

« Désolé, mais je ne peux pas en parler maintenant et surtout ici. » Répondit-il avec sincérité.

Ne pas pouvoir lui dire le mettait un peu mal à l'aise, non pas qu'il sentait une irrépressible envie d'en parler mais il lui devait bien cela, après l'avoir embarquée dans l'histoire qu'ils avaient vécut.

Une telle réaction le surpris, il ne pensait pas la voir aussi abattue pour si peu. On aurait dis qu'elle venait d'apprendre qu'elle n'aurait plus le droit de parler de sa vie. Cela attrista l'homme en même temps qu'il fut amusé, certes il n'aimait pas décevoir les gens mais pour si peu, une telle réaction … C'était un peu excessif.

« Allons, tout vient à point à qui sait attendre, non ? » Fit-il avec un demi sourire.

En effet, à force, il finirait par lui en parler, surtout lorsqu'il en aurait pleinement le droit. Mais en attendant, elle allait devoir ronger son frein et penser à autre chose. Il n'était sans doute pas la seule préoccupation de la féline, il suffisait de trouver un autre sujet digne d’intérêt et cela serait vite, et temporairement, oublié.

A force de tergiverser, le temps avait passé et ils purent apercevoir la serveuse arriver avec un plat, suivit de près par un homme bien en chair en portant un autre. La toque sur sa tête indiquait qui il était sans que la question n'eut besoin d'être posé, sans parler de son tablier.

Les plats, pour celui de Luna il ressemblait à ce que l'on pouvait s'attendre de la part d'un ragoût. Pour celui de Eloras, c'était une assiette plus grande sur laquelle semblait se trouver un mélange de divers plats, le tout bien présenté évidement. Un peu comme une dégustation de chaque chose que le restaurant pouvait offrir mais en quantité plus importante qu'une simple bouchée.

Les plats furent déposer devant leur propriétaire respectif et, bien que la serveuse prit congé, ce ne fut pas le cas du chef qui salua l'autre humain d'une poignée de main et des courtoisies habituelles en ce cas. Il se tourna vers Luna et lui adressa un bref salut puis après un échange de banalité pour savoir comment l'homme se portait, il leur souhaita bon appétit et s'en retourna à sa cuisine.

« Bon appétit Luna. » Fit l'homme visiblement désireux de commencer à manger.

Et sans plus attendre, il attaqua le plat avec un plaisir non dissimulé car, après tout, il commençait à avoir faim.

Pourquoi semblait-elle si gênée ? Il n'avait rien fait de spécial et pourtant il pouvait voir que la demoiselle était quelques peu perturbée. Sa réaction lui parut démesurée. Mais il préféra laisser couler et profiter du repas don les senteurs ouvrirent encore plus son appétit même s'il mangeait déjà.

« Merci. » Répondit-il simplement.

Il mangea avec plaisir et ne parla pas, ou très peu, du reste du repas. Il demanda juste si le plat convenait à sa compagne et si elle lui retournait la question, la réponse serait affirmative. Il prit son temps afin de savourer le repas car il ne mangeait pas tout les jours au restaurant et encore moins des plats comme cela.

Lorsqu'ils eurent finit les plats, la serveuse vint rapidement et leur demanda s'ils voulaient un dessert ? L'homme répondit non mais prit tout de même un café. Peu de monde étaient arrivé depuis qu'ils étaient là, le restaurant était toujours aussi paisible.

Ne s'étant pas attendu à une question, l'homme dévisagea la demoiselle un petit moment tout en réfléchissant à la réponse. Elle était simple :

« Depuis que je vis par ici. » Fit-il accompagné d'un haussement d'épaules.

Puis une idée lui traversa l'esprit et il repensa à ses films ou histoires où les personnages draguait ou se faisait draguer avec cette question comme ouverture. En général signe que celui qui posait la question était un peu lourd. Et voir la demoiselle poser cette question au restaurant, bien que ce soit lui qui invitât, lui fit la même sensation que dans les films : un amusement. Chose qu'il ne dissimula pas, même si cela resta discret et peu visible.