Fuyuko sourit joyeusement et mordit à pleines dents dans la tranche de pain, affamée.

"Même sans rien dessus, c'est super bon!"

Fuyuko but ensuite une gorgée de lait chaud, frissonnant légèrement.

-"Bon appétit."

Kirya mordit à son tour dans la tranche de pain qu'il venait de couper en repassant mentalement le planning de la journée.
Dès qu'ils auraient fini le repas, il devait initier une classe en sortie scolaire au maniement des armes anciennes. Il envisageait de demander à Fuyuko d'assister à la séance pour motiver les enfants; sans doute la présence de la princesse donnerait envie aux garçons de s'impliquer davantage. Après, il devait l'escorter durant qu'elle visitait les artisans du camp, chose qui s'annonçait presque comme une promenade en amoureux. Après le repas de midi, il devait amener Fuyuko dans la tente des costumes pour qu'elle se prépare pour la joute et partir en faire autant de son côté.
Tout en coupant quelques tranches supplémentaires, son attention dériva vers la table derrière lui. Il n'entendait que vaguement ce qui se disait, mais la conversation semblait animée. Il crût entendre quelqu'un parler de parier sur quelque-chose, mais sans grande certitude...

Fuyuko continua de manger, mais ne put s'empêcher de jeter de temps à autre un regard vers la table où se trouvait le nouvel arrivant qui semblait très enjoué. Mais, sans doute ses regards répétés ont dû être remarqués, car elle affichait désormais cet air déconfit qu'elle avait toujours dès que quelque-chose de menaçant se montrait. Fuyuko reporta toute son attention sur son repas, préférant éviter un nouveau contact visuel.
Faisant mine de peler une pomme, Kirya se servit du plat de la lame comme d'un miroir pour observer derrière lui. Il remarqua un personnage élancé avec de longs cheveux noirs, habillé en garde. Le mercenaire ne remarqua rien de plus mais ce personnage peu habituel se trouvait juste en face de Fuyuko. Le béhémoth trancha un quartier de pomme qu'il tendit à Fuyuko, essayant de fixer un visage connu sur cette obscure crinière. Il était trop calme et causant pour être Yubel, et BEAUCOUP trop grand pour être le militaire de la veille. Le serpent, peut-être ? Il avait le même genre de dégaine, mais Kirya avait des doutes... Ne parvenant à rien de concluant, il préféra reporter toute son attention sur sa princesse.

-"C'est le grand échalas noir qui t'as fait peur ?"

Sa voix était discrète, mais on devinait qu'il voulait aussi apaiser un peu la renarde. Il posa sa main lourde d'acier sur celle de la jeune femme, la serrant doucement.

Fuyuko prit le morceau de pomme et le mangea sans rien dire. Elle hocha légèrement la tête, semblant un peu moins tendue que Kirya ne le croyais...

"Je crois que je l'ai ennuyé à le regarder de façon répétée... Il n'avait pas l'air très mécontent, mais je n'ai pas envie de le fâcher..."

Kirya étira un sourire doux et passa son pouce sur le dos de la main de Fuyuko.

-"S'il veut se fâcher sur toi, il devra d'abord se fâcher sur moi, d'accord ? Et je suis sûr que notre albinos est caché dans un coin près d'ici; il ne laisserait personne dire un mot de travers sur toi sans lui faire avaler ses yeux avec de la sauce piquante."

Pour le mercenaire, Yubel aurait été capable de se contorsionner pour rentrer dans une théière si ça signifiait un meilleur point d'attaque. De plus, son lien avec Fuyuko était la meilleure alarme qui soit.

Fuyuko sourit doucement, un peu rassurée.

"Oui, c'est vrai..."

Elle recommença à manger, se demandant probablement ce qu'ils iraient faire ensuite. Kirya ne comptait pas la laisser dans le flou plus longtemps, achevant le quartier de pomme qu'il avait entamé.

-"Une classe va passer ce matin pour sa sortie scolaire. Je suis sensé leur apprendre le combat à l'épée, mais je ne suis pas sûr de pouvoir maintenir leur attention longtemps..."

Il étira un sourire un peu canaille, fixant Fuyuko en pointant un doigt vers elle.

-"Mais si une princesse venait à promettre une récompense au plus doué de tous, je suis sûr qu'il prendraient la leçon au sérieux."

Il avança encore un peu la main pour pouvoir chatouiller la base du nez de la renarde.

-"Tu en dis quoi ? Je suis sûr que si tu promets aux gamins de sacrer l'un d'entre eux champion, ou que tu mets un bisou à la clé, tous les garçons vont se surpasser."

Aucun enfant ne serait insensible à la promesse d'un cadeau de la part d'une princesse, et Fuyuko semblait tirée d'un recueil de contes. Le doute n'était pas permit, les enfants allaient se livrer une vraie guerre des nerfs pour pouvoir l'approcher.

Fuyuko frémit légèrement puis sourit joyeusement.

"Oui, j'en suis certaine! Et si on associe les deux, ils seront plus que motivés!"

Le mercenaire sourit et se pencha par dessus la table pour embrasser tendrement sa douce princesse.

-"Vous êtes trop généreuse, altesse."

Fuyuko allait sans aucun doute motiver les enfants à s'investir dans la leçon.

-"Terminons de manger. Ensuite on ira sur le poste des gardes pour préparer les épées en bois et te trouver une petite place."

Il fallait soigner la présentation, non ? Kirya acheva de déjeuner et se leva de son tabouret une fois que Fuyuko fut prête, lui prenant la main avant de se diriger vers la tente des gardes. En chemin, une question vient chatouiller l'esprit du mercenaire.

-"Dis-moi, mon ange, on t'a déjà expliqué comment faire porter tes couleurs par quelqu'un ?

Un champion devait porter les couleurs de sa Dame s'il voulait être pris au sérieux, et les enfants ignoraient sûrement tout de cette usage qui ferait sûrement une bonne surprise.

Fuyuko réfléchit un moment, puis secoua doucement la tête.

"Non, on me l'a pas expliqué... Ca pourrait être utile?"

Kirya hocha la tête à l'affirmatif.

-"Porter les couleurs d'une dame pour les défendre était un privilège autant qu'un devoir, à l'époque. Encore plus s'il s'agissait d'une femme de sang royal."

Tout en marchant, le béhémoth prit entre deux doigts le foulard de Fuyuko pour attirer l'attention de la renarde dessus.

-"Pour faire arborer ses couleurs à un chevalier, les dames prenaient un foulard, un mouchoir, une pièce brodée; et l'attacha au bras ou à l'arme de leur champion. Certaines le nouaient autour de la main tenant l'épée pour empêcher l'arme d'échapper au combattant..."

C'était un porte-bonheur et un soutien moral, chose qui pouvait peser très lourd dans la balance. Un homme faible mais hargneux pouvait être aussi dangereux qu'une bête sauvage.
Tout en avançant, Fuyuko fit tourner quelques regards vers elle. Les gardes fourbus par la veillée étiraient un sourire poli, tout comme certains artisans qui étaient affairés à préparer leurs étals.

"Je vois... En quoi ça a à voir avec la leçon?"

Kirya haussa brièvement les épaules.

-"Si tu comptes sacrer un de ces gosses champion, ça peut servir. Et va savoir pour la joute de cette après-midi."

Au pire des cas, c'est une anecdote amusante à raconter.
Le mercenaire et la jeune femme arrivèrent au lieu de la leçon. devant une tente avaient été posés coffres, bottes de paille et racks contenants variétés de lames et armes d'hast. Une caisse contenait des bâtons sur lesquels avaient été enfilés des gardes en bois et dont la majeure partie était recouverte de mousse. Dans un coin, une série de mannequins en toile de jute avaient été plantés, sans doute pour servir de cible d'entraînement.

-"Attends, je vais te faire une petite place..."

Kirya se pencha sous la tente et, faute de trouver un tabouret, contourna la tente pour s'emparer d'une botte de paille qu'il posa sous l'aubette. Il trouva un étendard inutilisé et s'en servit pour couvrir la botte, avant de s'incliner poliment en souriant.

-"Si Milady veut bien se donner la peine..."

Les enfants n'arriveraient pas tout de suite, autant que la renarde soit à l'aise pour patienter.

Fuyuko sourit joyeusement puis s'assit sur la botte de paille recouverte. Les enfants n'allaient certainement pas arriver de suite, donc ils avaient un peu de temps devant eux.

"Tu penses qu'on recroisera cet étrange individu de tout à l'heure?"

Kirya s'était entretemps penché sur l'un des racks, passant en revue ce qu'il pourrait utilisé pour l'exercice. Il regarda Fuyuko à travers la visière de son heaume, prenant quelques secondes pour penser le sujet.

-"Le camp est grand, mais pas tant que ça. Il est probable qu'on le revoie. Mais s'il te cherche querelle..."

Le mercenaire s'empara finalement d'une épée bâtarde qu'il brandit devant lui dans un ample mouvement fluide.

-"Il devra d'abord passer par moi. Et je peux lui donner d'écrasants arguments."

Avec ou sans costume, Fuyuko resterait la princesse dont le béhémoth se ferait autant le chevalier que le dragon. Il ignorait tout de l'étrange personnage qui préoccupait tant sa bien-aimée, mais il doutait d'une chose : une attaque brutale et gratuite. Le mercenaire avait eu cette sensation qu'il avait généralement auprès des bureaucrates véreux et charlatans. Une sorte de répulsion, comme quand on renifle du vinaigre. Le bonhomme avait tout d'un type qui usait de son bagou pour vous convaincre de vous ouvrir les veines plutôt que de celui qui se salit les mains comme un grand.
Rappelé au sujet présent par le poids de l'épée dans sa main, Kirya se mit instinctivement en garde haute, écartant lentement les pieds. Il commença à répéter des enchaînements, presque sans y penser.
Taille, coupe, pare, coupe, pique,...
Depuis sa jeunesse, Kirya avait eu une sorte de respect pour les lames, couteaux et autres objets tranchants. Encore aujourd'hui, il restait convaincu de l'utilité d'une bonne lame : pas difficile d'entretien, jamais en panne, facile à cacher et transporter... Sans être une panacée, ça restait utile à bien des égards.
Coupe, coupe, pare, coupe, taille, pare,...
Les mouvements du mercenaire étaient précis, souples, maîtrisés. Tout un chacun pouvait sentir une sorte d'aisance à peine entravée par la lourde armure d'acier.

Fuyuko le regardait faire s'égarant dans ses pensées. Le mercenaire se doutait que la méthode agressive n'était pas la méthode universelle, mais c'était celle qu'il connaissait le mieux. Jouer de la brutalité de sa transformation pour effrayer et se faire craindre était son meilleur atout, et cela se faisait pratiquement tout seul. Ceci dit, si l'étranger pouvait être convaincu à l'amiable, il ne cracherait pas dans la soupe.
Quelques dizaines de minutes plus tard, un garde vint à leur rencontre accompagné d'un homme en costume marron.

-"C'est le principal de l'école de la ville. Il est venu nous prévenir de l'arrivée des gamins."

-"C'est gentil de votre part. Ne vous en faites pas, je vous les rendrai en un seul morceau."

-"Je ne m'inquiète pas pour ça. En fait, je viens vous demander une faveur."

Kirya haussa les sourcils, écoutant ce que voulait demander l'universitaire.

-"La classe qui va passer chez vous compte une série d'élèves à problème qui ternissent la réputation de notre établissement. Je viens vous demander si vous ne pourriez pas tenter de les... Disons... Redresser un peu."

Le mercenaire était honnêtement surpris.

-"Monsieur, sans vouloir vous froisser, c'est davantage le devoir des parents, de serrer la vis avec les cancres, non ?"

-"Nous avons déjà essayé, mais les parents sont persuadés que leurs enfants sont des parangons de droiture sur la simple base de leurs notes. L'un d'entre eux a un bulletin exemplaire, mais est prompt à découper les fonds de pantalon de ses petits camarades."

Un teigne en puissance, en résumé. Kirya verrait sans doute lesquels posent problème sans grande difficulté, s'ils avaient des tempéraments similaires...

Quelques dizaines de minutes plus tard, un garde vint à leur rencontre accompagné d'un homme en costume marron.

-"C'est le principal de l'école de la ville. Il est venu nous prévenir de l'arrivée des gamins."

-"C'est gentil de votre part. Ne vous en faites pas, je vous les rendrai en un seul morceau."

-"Je ne m'inquiète pas pour ça. En fait, je viens vous demander une faveur."

Une faveur..? Quel genre de faveur pourrait-on leur demander..?

-"La classe qui va passer chez vous compte une série d'élèves à problème qui ternissent la réputation de notre établissement. Je viens vous demander si vous ne pourriez pas tenter de les... Disons... Redresser un peu."

-"Monsieur, sans vouloir vous froisser, c'est davantage le devoir des parents, de serrer la vis avec les cancres, non ?"

-"Nous avons déjà essayé, mais les parents sont persuadés que leurs enfants sont des parangons de droiture sur la simple base de leurs notes. L'un d'entre eux a un bulletin exemplaire, mais est prompt à découper les fonds de pantalon de ses petits camarades."

Le genre de personnes dont l'apparence ne faisait que masquer la réalité...

*Un peu le style de FullMetal... Sauf que lui, c'est l'inverse. Il se montre agressif, mais cache une nature sensible.*

C'était toujours bon à savoir. Est-ce que le mystérieux individu se monterait durant cette séance? Rien n'était moins sûr... Fuyuko pencha légèrement la tête, essayant de s'imaginer ce à quoi pouvaient ressembler ces gamins à problème.

"Ca ne doit pas être facile à gérer..."

Fuyuko pencha légèrement la tête, essayant de s'imaginer ce à quoi pouvaient ressembler ces gamins à problème.

"Ca ne doit pas être facile à gérer..."

-"C'est un cauchemar. Ils ne sont que trois, mais ils sont aussi insupportable qu'une classe de trente."

Kirya hocha doucement la tête, compatissant envers le directeur déconfit.

-"Écoutez, je ne vous promet rien, mais je vais voir ce que je peux faire pour vous aider."

Le directeur esquissa un sourire reconnaissant à Fuyuko et au mercenaire. Un groupe d'enfants approchait de la tente, dirigé par une femme d'une quarantaine d'années.

-"Les voilà. Je vous laisse donner votre cours, et vous souhaite bonne chance.

Kirya hocha la tête et fit signe à Fuyuko que tout irait bien en levant le pouce.
les enfants s'amassèrent assez vite, l'enseignante les faisant s'aligner comme elle pouvait. Le mercenaire remarqua un casque sur le coin d'un râtelier et tapa dessus pour attirer l'attention des gosses.

-"En rangs, maroufles, et que ça saute !"

L'instant d'après, les enfants étaient à peu près en rangs serrés. Kirya toisa les gosses, faisant tourner lentement sa tête.

-"Voici donc les gibiers de potence que notre Roi m'a demandé de changer en soldats dignes de ce nom... Vous êtes chanceux cependant, marauds..."

Il fit un pas en arrière et ficha son épée en terre, prenant un ton autoritaire.

-"Genou à terre devant son altesse, garçons ! Notre princesse a tenu à assister à votre formation."

Le mercenaire fit discrètement signe à Fuyuko. Il constatait que la plupart des enfants s'étaient exécutés et regardaient Fuyuko, tout ouïe à une éventuelle parole de la jeune femme.

Fuyuko se leva et regarda les enfants avec un air doux. Elle n'avait encore rien dit et pourtant, Kirya pouvait constater que le charme de Fuyuko avait déjà commencé à oeuvrer. Il remarqua plus particulièrement une jeune fille qui était restée debout, préférant faire une révérence irréprochable sur la forme. Étrange à remarquer quand tout le reste de la classe avait posé le genou au sol, mais rien de méchant.

"Je sais que certains d'entre vous ne sont sans doute pas très motivés... Mais je compte choisir l'un d'entre vous afin qu'il porte mes couleurs! Alors faites de votre mieux!"

Fuyuko se rassit en douceur, souriant en les regardant. Une discrète effervescence gagna les enfants, que le mercenaire laissa un court instant avant de les ramener à la leçon en donnant un coup de pied dans la caisse contenant les armes factices.

-"J'espère que vous saurez faire honneur à son altesse. Que chacun prenne une arme dans cette caisse, et pas de bousculade."

Les écoliers se massèrent autour de la caisse, prenant chacun une des épées en mousse. Un istant plus tard, alors que la plupart des enfants avaient chacun une arme, un garçon un peu plus fluet que les autres allait se servir quand un autre élève, plus massif, l'écarta d'un coup d'épaule, l'envoyant valdinguer dans une botte de paille.

-"Héhé !"

Le maître d'arme donna une tape du revers de son gantelet à la petite brute avant de serrer le poing.

-"J'ai dit pas de bousculade !"

-"Vas-y Ben Hur, frappe-moi qu'on rigole !"

-"Dans le rang, vaurien !"

La brute s'exécuta en riant bêtement, tapant dans la main tendue d'un autre garçon. Ca faisait un élève de repéré, et ça n'avait pas traîné... Kirya extirpa le freluquet du ballot de paille, puis lui tendit une des armes factices avant de l'envoyer dans le rang en lui donnant une petite tape dans le dos.

-"Bien, maintenant que chacun a son arme et avant de vous apprendre à vous en servir correctement, Qui peut me dire quelle est la qualité fondamentale d'un bon soldat ?"

Les enfants se mirent à énumérer autant de qualités chevaleresques telles que l'honneur, la bravoure, la force, une bonne vue, une armure solide, une bonne épée, une éducation irréprochable... Qui étaient importants, mais pas autant que ce que Kirya voulait entendre...

-"Être le plus malin ?"

-"Qui a dit ça ?"

Les regards se tournèrent vers le freluquet qui s'était fait renversé tout à l'heure. Des rires éclatèrent par endroits, ne prenant manifestement pas le garçon au sérieux.

-"La ferme, vous autres !"

C'était une jeune fille aux cheveux courts, habillée à la garçonne, qui venait de prendre la défense du gamin. Elle avait l'air d'avoir un sacré caractère...

-"Vos noms ?"

-"Théo...dore."

-"Molly..."

-"Eh bien Théodore... Tu as parfaitement raison, mon petit. Sans une bonne cervelle, un bras fort, dans la meilleure des armures, tenant la meilleure des épées, ne sert à rien du tout."

Kirya commençait à avoir une idée qui germait en tête. Mais il fallait d'abord qu'il détermine qui étaient les fauteurs de trouble...

Une discrète effervescence gagna les enfants, que le mercenaire laissa un court instant avant de les ramener à la leçon en donnant un coup de pied dans la caisse contenant les armes factices.

-"J'espère que vous saurez faire honneur à son altesse. Que chacun prenne une arme dans cette caisse, et pas de bousculade."

Les écoliers se massèrent autour de la caisse, prenant chacun une des épées en mousse. Un instant plus tard, alors que la plupart des enfants avaient chacun une arme, un garçon un peu plus fluet que les autres allait se servir quand un autre élève, plus massif, l'écarta d'un coup d'épaule, l'envoyant valdinguer dans une botte de paille.

-"Héhé !"

Le maître d'arme donna une tape du revers de son gantelet à la petite brute avant de serrer le poing.

-"J'ai dit pas de bousculade !"

-"Vas-y Ben Hur, frappe-moi qu'on rigole !"

-"Dans le rang, vaurien !"

La brute s'exécuta en riant bêtement, tapant dans la main tendue d'un autre garçon. En voilà un de repéré... Kirya extirpa le freluquet du ballot de paille, puis lui tendit une des armes factices avant de l'envoyer dans le rang en lui donnant une petite tape dans le dos.

-"Bien, maintenant que chacun a son arme et avant de vous apprendre à vous en servir correctement, Qui peut me dire quelle est la qualité fondamentale d'un bon soldat ?"

-"Être le plus malin ?"

-"Qui a dit ça ?"

Les regards se tournèrent vers le freluquet qui s'était fait renversé tout à l'heure. Des rires éclatèrent par endroits, ne prenant manifestement pas le garçon au sérieux. Pourtant, il avait raison! Être malin permettait un bon avantage!

-"La ferme, vous autres !"

C'était une jeune fille aux cheveux courts, habillée à la garçonne, qui venait de prendre la défense du gamin. Elle lui rappelait un peu le militaire blond...

-"Vos noms ?"

-"Théo...dore."

-"Molly..."

-"Eh bien Théodore... Tu as parfaitement raison, mon petit. Sans une bonne cervelle, un bras fort, dans la meilleure des armures, tenant la meilleure des épées, ne sert à rien du tout."

*Cela m'a pris moins longtemps que prévu, malgré que j'ai été dire deux mots à Heider...*

Son attention accaparée par la petite scène, elle n'avait pas remarqué l'absence de Yubel! Il devait avoir le morceau de tissu, donc...

*Exact, très chère. Un magnifique foulard d'un bleu roi. Je ne songe pas avoir manqué grand chose...*

Fuyuko regardait les élèves, se demandant si les élèves à problèmes étaient tous du même gabarit, et si ce Théodore n'était pas un peu du genre... souffre-douleur de l'école.

"Un combattant malin a peut-être même plus de chances qu'un combattant puissant, vous savez..."

Elle s'était permise cette petite intervention afin de rassurer un peu plus Theodore sur l'exactitude de sa réponse. Elle sourit doucement, se demandant si cela aidait Kirya.

Fuyuko regardait les élèves, visiblement concernée par le sort du jeune Théodore. Sa petite carrure pouvait en faire facilement une cible pour les brutes épaisses, et il n'était manifestement pas le genre de garçon à prendre part à une bagarre, bien au contraire...

"Un combattant malin a peut-être même plus de chances qu'un combattant puissant, vous savez..."

Elle s'était permise cette petite intervention afin de rassurer un peu plus Theodore sur l'exactitude de sa réponse. Elle sourit doucement, se demandant si cela aidait Kirya. Kirya hocha doucement la tête, heureux d'avoir l'appui de sa tendre renarde. L'enfant semblait aussi reconnaissant, un petit sourire timide s'esquissant sur son visage.

-"Savoir frapper fort est une bonne chose. Mais savoir frapper au bon endroit est encore plus primordial. Et savoir comment y parvenir est un atout qui peut déterminer entre la vie et la mort..."

Kirya prit deux élèves au hasard et les fit se mettre face à face. Chacun se mit en garde, attendant le signal pour commencer à se battre.

-"Malgré toutes les légendes, une épée n'est pas une arme omnipotente. C'est son manieur qui en fait un instrument de mort efficace. Observez votre adversaire, cherchez ses faiblesses, guettez la moindre faute qu'il pourrait commettre..."

Le mercenaire tapa dans le dos d'un des deux enfants, faisant signe à l'autre de passer à l'attaque.

-"... Pourrait-être la toute dernière."

Juste au moment où l'enfant se retournait, l'autre lui donna une petite frappe sur l'épaule. Kirya remercia les deux gosses pour leur aide et les renvoya das le rang.

-"Vous apprendrez ici à vous battre en duel. À ceux qui s'attendaient à passer sur le champ de bataille, je tiens à leur signaler que même un vétéran expérimenté pouvait tuer seulement une poignée d'adversaires et mourir l'instant d'après. Les soldats de première ligne mourraient souvent empalé sur une pique sans avoir pu emmener qui que ce soit dans la mort avec eux."

S'il comptait bien leur apprendre à se battre, il comptait aussi leur donner une petite leçon d'histoire de la guerre. C'était un sujet horrible, mais plus tôt ils seraient confrontés à ce problème, au plus ils auront de temps pour y méditer.