Encore une journée incroyablement lourde. Avec une chaleur insupportable, qui rends l'air étouffant et désagréable. Le soleil brille, mais puis-je le voir ? Dans l'animalerie seul des petites fenêtres tout en haut des murs laissent passer un fin filet de lumière. Avec un temps pareil, la plupart des personnes passent des heures dans un bain de soleil. Mais ici, dans ce bâtiment lugubre, on ne se baigne que dans la sueur de nos fronts entremêlés à nos souffles brûlants irréguliers. En observant les alentours, je ne vois que cages de métal froid, rayons d'objets animaliers, hybrides maigres, clients, un vendeur et le marchand accompagné de sa nièce. En me réveillant, contrairement à mes espoirs, je suis toujours dans la même cage, blotti contre les barreaux de la même façon, ma petite bouteille de saké toujours vide. Hors, nous étions Samedi. Le jour où l'animalerie a le plus de clientèle. Mais c'est également le jour où l'on m'accorde le droit de boire. C'est-à-dire que sans ma dose de saké, je me serai déjà ôté la vie. Ah, justement, le voilà qui approche !

- Hé, l'hybride, voilà ta portion !

A mes grands regrets, ce n'était pas le vieux marchand que j'appréciais beaucoup. Non, il est trop vieux pour ça ! C'était un vendeur plus jeune, plus joufflu, plus sévère, plein de mépris envers les hybrides. Mais bon, je n'avais absolument aucune peur envers lui ! Alors, en deux trois mouvements je pris ma bouteille et la mis sur le bord de ma cage pour lui faciliter la tâche.

Après que le liquide est coulé dans la petite bouteille, je n'en pris qu'une soigneuse gorgée. Même si l'odeur que celui-ci dégageait était alléchant, je ne voulais pas épuiser cette source de rafraîchissement trop rapidement par une pareille chaleur alors que le soleil venait à peine de se lever. Je fixais le vendeur, tout en penchant ma tête sur le côté, et en posant mes doigts sur mes lèvres pour m'essuyer une petite coulée d'alcool qui s'apprêtait à dégouliner vers mon menton.

- Tu oublies vite Ren-san ! Mon nom c'est Yoshi. Y.O.S.H.I, et puis tu as encore grossi ! Si tu continues ne t'étonne pas de ne pas trouver de femmes, tu sais tu n'es plus très jeune non plus et...

Il me coupa net en donnant un vif coup sur la cage, ce qui l'a fit s'ébranler et vaciller, un petit bruit métallique crissa. La cage percuta celle de l'hybride derrière moi. Un peu paniquée, et commençant à m'ébrouer de frissons, je me repris tout en fixant avec surprise le vendeur agacé. Et puis j'observe ma bouteille, et je remarque que la moitié de sa contenance était renversé sur le fond de la cage.

- Tu sais Ren-san, il faut que tu te contrôles ! Regarde ce que tu as fait de mon saké !

A bout de nerfs, il protesta de plus belle, avec une ribambelle de grommellements énervés.

- Tu oses me faire la leçon ? Saleté d'hybride ! Et l'argent que tu nous fait perdre pour ton alcool ? Qu'est-ce que t'en fais ? HEIN ? Ordure d'esclave !

Agacée par ses propos, je me mis à tirer la langue, puis, d'un air moqueur, une guirlande de mots furent prononcés presque tout seul.

- Tu n'as qu'à l'ajouter à mon prix, l'argent que tu perds dans l'achat de mon saké, ça fera augmenter les prix, et donc tu ne perdra rien ! Roooh, vous n'êtes pas mieux que nous, vous les hommes, pour réfléchir. Et un jour, on sera tous égaux, ce jour viendra.

Trêve d'explications, je peux vous résumer donc la situation. Le vendeur se mit à dire que de toute façon l'argent perdu est perdu, car personne ne m'achètera jamais, que je ne suis qu'une gamine qui rêve trop... et une tonne d'insultes suivit les premières. Je finis par me boucher les oreilles et par boire le reste de mon saké, sans réaliser que je venais d'épuiser ma dernière dose bu ici...

Je vis un petit corps se faufiler un peu près entre moi et le vendeur. C'était une jeune fille, à la silhouette fine, aux cheveux clairs, lisses et aux yeux couleurs d'automne. Elle avait sûrement suivit la conversation, ce qu'elle dit par la suite confirma mes précédentes pensées. Ses petites lèvres en mouvement et son air "sûre d'elle" lui donnait un charme amusant. Cette jeune demoiselle m'intriguait.

- Monsieur !! C'est comme ça que vous traiter vos clients ? Je n'ai jamais vu ça ! Vous êtes tous les mêmes au final...

Je ne fis pas attention à la réponse du vendeur. Je contemplais seulement ma bouteille renversée, l'allure de la jeune fille, et les barreaux glacés de métal froid qui entoure ma cage.

Je ne suivis ni les paroles que prononça la jeune cliente, ni celle du vendeur. Soudain, je me réveille un peu de ma rêverie et scrute la demoiselle contemplant avec attention la pancarte se tenant au dessus de ma petite prison.

- C'est Yoshi ton nom ? C'est joli je trouve ! Je vais juste te demander une chose : Est-ce que tu en a marre de cette endroit et de ce vendeur ?

Laissant aller un léger rire, tout en lui tendant ma main entre les barreaux, je laissait passer deux trois mots.

- Veux-tu me sortir de là ?

Sur un ton sérieux, mais sur un visage plein de plaisanterie, ces mots étaient-ils que de simples demandes en l'air ? Non. Je crois dur comme fer que cette jeune damoiselle sera celle qui m'arrachera des bras de cette animalerie en aucun cas de mon goût.

Et s'enchaîna une conversation entre le vendeur et la cliente. Que bien évidemment je ne pus retenir. Ils parlaient de papiers d'achats. Je m'emballais à l'idée de bientôt sortir de cet enfer.

- Bien sûr que je veux te sortir de cette enfer ! Je n'aime pas ses endroits et franchement, il y a trop idiots comme lui dans Félidia~

Je me mis à sourire, sans me moquer d'elle évidemment ! Je trouve qu'elle a tout de même un charme et une sûreté impressionnante, malgré sa petite taille, elle ne doit pas être si jeune que ça... Et puis quelles belles promesses. La réalité était-elle aussi envoûtante ? La fixant avec sympathie, tout en serrant son poing avec espoir. Voici le simple mot qui sortit de ma bouche au même temps qu'un sourire s'y plaça.

- Merci.

Tandis que je la regardais, s'échappa un petit rire, sans être moqueur. Un petit rire inaudible, qu'elle n'avait sûrement pas remarqué. Je tendis l'oreille, pour entendre une nouvelle phrase sortir d'entre les lèvres rosies de la jeune demoiselle.

- Tu aimes le ... Saké ? c'est de l'alcool je crois ?

Un peu gênée d'en parler à une mineure... pourtant, je ne fis pas mine d'être sobre. Bon, j'avoue, de nature ce n'était pas une honte. Pourtant, à ce moment-ci j'aurais voulu lui mentir, ce que je n'ai pas pu faire, sachant que sinon, ça aurait une certaine influence sur ma vie. Comment me priver d'une addiction ?

- Oui, effectivement. On va dire que c'est pour... oublier que je suis qu'une simple esclave hybride et ne pas m'acharner sur mon sort ?

Je fis échapper un petit rire en tendant ma main entre les barreaux.

- Quel est donc ton joli petit nom ?