Dans le quartier commerçant, à proximité des quais, un joyeux brouhaha s'était emparé des rues depuis l'aurore. Des étals avaient envahi les rues, les marchands à la criée tentaient d'attirer le client par tous les moyens à leur disposition et des odeurs de pain chaud et de sucre se répandaient aux alentours des boulangeries et des confiseurs. Le soleil était à présent haut dans le ciel, et le marché battait son plein. Les badauds aux sacs remplis de vivres et de breloques déambulaient dans les rues, discutant de ce qu'ils avaient de plus banal dans leur vie...
Une moto s'arrêta quelques mètres avant les premières échoppes, laissant débarquer un homme en manteau rouge et une jeune femme à la chevelure rousse éclatante. L'homme aida la jeune hybride à descendre de la moto, lui prenant doucement la main en souriant.

-"Occupons-nous tout de suite de la partie pénible, ainsi on pourra regarder dans ce qui se vends avant de partir !"

Malgré la menace de l'épée de Damoclès que représentait Yubel, Kirya s'était donné pour mot d'ordre d'amuser Fuyuko le plus possible. Trouver de la poudre d'aluminium et des articles de jardinage était facile si on s'adressait au bon quincaillier, mais n'avait rien de passionnant. En prime, Kirya avait une dernière chose à récupérer : ses cornes auraient posé problème s'il avait dû utiliser un heaume classique. Fort heureusement, un de ses confrère était parvenu à fabriquer un heaume en deux pièces afin de pouvoir faire passer les excroissances pour des décorations.
Le mercenaire s'avança dans les rues bondées, tenant la main de Fuyuko, regardant les étals, l'oreille cependant aux aguets...

Fuyuko sourit en suivant Kirya, regardant les divers étals.

"De quoi a-t-on besoin en tout?"

Kirya repassa vite en revue la liste, avisant le comptoir d'un grossiste en végétaux. Les fleurs que vendaient le vieil homme sentaient bon, et les plantes officinales avaient de belles couleurs garantes de leur bonne santé. Peut-être qu'un jour, Kirya pourrait tenter d'envisager de faire usage utile du jardin par un potager...

-"On doit d'abord passer par un quincaillier pour de l'engrais et de la poudre d'aluminium. Ensuite, Il faudra passer le long des quais pour aller chercher un colis dont j'aurais besoin pour la médiévale, puis on fera main basse sur le repas de midi. On flânera encore un peu, puis on ira au camp au coucher du soleil."

Il se tourna vers Fuyuko, lui souriant gentiment.

-"Ca te conviens, comme planning du jour ?"

Il serra doucement la main de Fuyuko dans la sienne, oubliant u instant les soucis qui leur planaient au dessus de la tête...

Fuyuko sourit, hochant joyeusement la tête.

"Ca me convient parfaitement!"

Son regard se posait sur divers étals, regardant avec curiosité ce qui s'y trouvait... Bijoutiers, vendeurs de denrées et de viandes et artisans avaient envahis les rues pour écouler leurs stocks. Le mercenaire ne pu s'empêcher de sourire en voyant deux jeunes hybrides chats, parmi une assemblée de chats légitimes et inaltérés, en train de fixer l'étal d'un poissonnier avec la bave aux lèvres et les yeux pétillants.
Kirya poussa la porte d'une quincaillerie qu'il connaissait. Il n'avait pas prêté attention à la silhouette blonde qui était entrée un peu avant eux, car elle ne ressemblait en rien à Yubel, dans les proportions comme dans la démarche... Une quadragénaire salua le couple poliment de derrière le comptoir, l'air paisible.

-"Bonjour mon garçon."

-"Bonjour Madame Visti, vous auriez encore de la poudre d'aluminium ?"

La quincaillière s'absenta un instant dans l'arrière-salle, temps que Kirya mit à profit pour prendre trois boîtes de nitrate de potasse. Il regarda aussi dans les outils, plus par curiosité que par réelle nécessité. Il regarda Fuyuko, dont il n'avait toujours pas lâché la main, et se pencha vers elle pour lui embrasser le front.

-"On en a pas pour très longtemps. Tu voudras bien tenir une des boîtes ?"

Il lui adressa un sourire tendre.

Fuyuko sourit et hocha à nouveau la tête.

"Si c'est pas trop lourd, je veux bien!"

Par curiosité, elle regarda autour d'elle, s'intéressant à tout ce qui l'entourait. Puis, tendant l'oreille pour s'assurer que Yubel ne tenterait pas de coup fourré, Kirya entendit un son métallique. Comme deux morceaux de métal s'entrechoquant. Le plus bizarre était que ça venait du côté d'un petit homme à tête blonde, manifestement absorbé par les sacs de soufre de viticulture et les abrasifs... Fuyuko pencha une oreille, songeuse. Ca, ça voulait dire que Yubel avait attiré l'attention de La renarde sur le petit bonhomme. À première vue, il n'avait rien de différent d'un adolescent moyen, mais entre Xilya et Angie, un autre mutant avec des yeux dans le rectum paraîtrait normal, et ce bruit de métal pouvait dire n'importe quoi.

-"Voilà l'aluminium, mon garçon !"

Kirya s'approcha du comptoir avec Fuyuko, préparant de quoi payer la dame du magasin.

-"Ce vieux fou de Rupert t'envoies encore faire ses courses, pas vrai ?"

-"Il est fou mais il a bon coeur. Et puis je ne suis pas seul aujourd'hui."

Madame Visti avisa Fuyuko d'un regard bienveillant.

-"J'ai vu ça. C'est la jeune fille dont tu me parlais la fois dernière ?"

-"C'est elle. Je vous avais bien dit que c'était la plus belle renarde du monde !"

Il prit Fuyuko dans le creux son bras, la serrant tendrement contre lui.

-"Je le vois bien."

La quincaillière se pencha vers Fuyuko, le regard pétillant de malice.

-"Gardez-le aussi longtemps que possible ! Il parle de vous comme de la sainte vierge elle-même."

Kirya prit les boîtes d'aluminium et l'une des boîtes d'engrais, laissant Fuyuko prendre les deux dernières. L'engrais pesait bien moins lourd que le métal et était moins encombrant.

-"Bonne journée."

Kirya chercha un chemin dans sa tête et passa un de ses bras atour de celui de Fuyuko pour éviter de la perdre en chemin, la rue étant encombrée par la foule.

-"On va devoir descendre près du grand canal. C'est pas loin, ne t'en fais pas..."

Jusqu'ici, pas de Yubel. Mais Kirya guettait à présent des bruits de métal. Pourquoi ce gamin lui rappelait quelque-chose...

Fuyuko, qui portait les deux boîtes, hocha doucement la tête.

"Je m'en fais pas du tout!"

Elle souriait joyeusement mais, intérieurement, elle avait encore quelques troubles. Kirya se pencha sur le côté comme il pu et frotta doucement sa tête contre celle de Fuyuko.

-"On y est presque, regarde."

Il venaient de descendre un escalier qui descendait sur les quais. Un peu plus loin, une vieille petite boutique avec un vieil homme assis dans un rocking chair semblait les attendre. Arrivé à hauteur du vieil homme, Kirya donna un léger coup de la pointe du pied dans le patin de la chaise à bascules pour se signaler.

-"Debout Rupert ! tu as une dame et une vieille connaissance à saluer."

Le vieillard à la barbe hirsute et au fedora usé leva les yeux et s'extirpa de son fauteuil.

-"C'est bien parce qu'il y a une dame que je me lève. Tu viens encore en oubliant le whisky..."

-"Et que penses-tu d'une cargaison de potassium et d'alu à la place ?"

Le vieil homme eut un petit rire étouffé.

-"Alors tu es tout pardonné, gamin."

Il ôta son chapeau et passa devant Kirya, s'inclinant poliment devant la renarde.

-"Vous êtes sûrement la petite Fuyuko dont le gamin m'a tant parlé ! Rupert Sante, je suis heureux de vous connaître, jeune fille."

Malgré ses airs de vieux cowboy, le vieux Rupert avait de la gentillesse à revendre envers ces dames.

Fuyuko sourit doucement et fit une petite révérence polie.

"Enchantée de vous connaître, monsieur Rupert!"

Le vieil homme étouffa un petit rire supplémentaire et ouvrit la porte du magasin, laissant passer Fuyuko avant de la suivre, Kirya passant dernier pour fermer la porte. Le magasin était garni de boiseries patinées par le temps, et des vitrines d'exposition garnissaient les murs dans leur majorité. À l'intérieur étaient exposés pistolets, carabines et munitions assorties sur des tapis de soie carmin.
Kirya posa ses charges et celles de Fuyuko sur le comptoir et Rupert s'empressa de les ranger dans l'arrière-boutique. Le petite atelier derrière le magasin comportait tout l'outillage pour créer les plus belles armes à feu de la ville, et le vieux Rupert avait la réputation de pouvoir transformer un tas de ferraille en oeuvre d'art.

-"J'ai trouvé quelque-chose qui devrait te faire plaisir. Elle aurait besoin d'une nouvelle batterie."

Sante se retourna, sa moustache frétillant comme la queue d'un chien devant un os à moelle.

-"Tu as trouvé une rotative ?"

-"Je l'ai piquée su un cadavre. Six canons 5mm..."

Le vieil homme se mit à sautiller de joie comme si on lui avait annoncé un cadeau de noël en plein mois de juin. Il se pencha sur une étagère et en sortit une structure métallique qu'il donna à Kirya.

-"Essaie, petit. Pas question que tu partes avec un truc qui ne fait pas le tour de ta caboche..."

Le mercenaire examina quelques secondes le heaume avant de trouver les loquets pour les trous prévus pour ses cornes. Il plaça la plaque du dessous, puis referma la visière et clipsa le loquet. Les ouvertures étaient parfaites...

-"Tu ressembles à un bouchon de radiateur..."

Kirya se tourna vers Fuyuko, silencieux, comme s'il attendait un verdict...

Fuyuko regarda longuement Kirya, tournant autour de lui pour l'observer attentivement.

"Ca fait bizarre... Mais ça te va bien!"

Kirya fit cliqueter le métal en guise de réponse, allant caresser la tête de Fuyuko.

-"Je crois que ça veut dire merci."

Le mercenaire s'affaira à enlever le casque, ce qui le soulagea un peu : l'odeur du métal neuf lui donnait envie d'éternuer. Il rangea le casque dans un sac que lui tendait Rupert, et avant qu'il n'eût le temps de réfléchir, le vieux marchand d'armes avait regardé en détail des pieds à la tête avant de regarder le mercenaire en haussant un sourcil.

-"Tu ne lui a pas donné une arme ?"

-"Je me réserve les horreurs de ce métier. Je ne veux pas qu'elle aie à empoigner un jour une arme à feu..."

-"Et si ça arrive quand même, est-ce qu'elle sait s'en servir ?"

Kirya avait déjà confié une arme à Fuyuko, lors de la fête de la moisson du village de la forêt de l'Aurore, mais il ne lui avait jamais appris, et il doutait qu'elle n'aie jamais appris. Kirya voulait préserver Fuyuko de son boulot, mais s'il venait à être absent lors d'un coup dur, Fuyuko ne pourrait sans doute que fuir et c'était peu, même avec Yubel qui veillait sur elle...
Rupert s'absenta un instant et revint avec un petit pistolet 22 LR. L'arme était légère et les munitions petites et avec peu de recul, les rendant faciles à utiliser par un débutant.

-"Si tu veux, le stand de tir est à disposition pour que tu lui apprennes. À ta place, je me sentirais plus tranquille en la sachant capable de viser droit..."

Il retourna dans l'avant-boutique, laissant Kirya et Fuyuko seuls. Le mercenaire avisa l'arme avant de regarder Fuyuko l'air un peu gêné.

-"J'aime pas l'idée de te coller un pétard dans les mains, mais il faut avouer que je suis mal placé pour lui donner tort."

Kirya utilisait des armes à poudre tous les jours depuis des années, et sa réputation pourrait attirer des ennuis à Fuyuko. Peut-être que savoir utiliser une arme de poing lui servirait, ou tout simplement qu'elle soit curieuse.

-"Je veux bien te montrer comment tirer au pistolet, mais je ne te forcerai pas à le faire. Je ne veux pas t'apprendre ce que tu ne veux pas savoir..."

Fuyuko avait le choix en main, Kirya se plierai à sa demande quelle qu'elle soit...

Fuyuko regarda l'arme, baissant légèrement les oreilles, puis regarda de nouveau Kirya.

"Je... Je préfère pas savoir..."

Le mercenaire étira un sourire et posa le pistolet sur le banc de travail à côté de lui, puis s'avança vers Fuyuko pour lui prendre doucement dans ses bras.

-"C'est pas grave, ma chérie. Moi aussi, je préfère te garder loin de ces choses-là..."

Il caressa doucement l'oreille de Fuyuko, cherchant à la rassurer un peu. Il ferait tout pour la garder loin de son métier de mort, pour qu'elle continue de sourire et qu'elle garde cette gentillesse qui semblait guérir toutes les peines...
Kirya serra Fuyuko un peu plus fort contre lui, lui murmurant à voix basse.

-"Je ferai tout pour que tu n'aies jamais à tirer, ma Fuyuko... Je t'aime."

Pourvu que cet instant fâcheux soit vite oublié au profit de celui-ci...

Fuyuko sourit, fermant les yeux.

"Je t'aime..."

Kirya se sentait léger en voyant Fuyuko sourire. Il resta ainsi encore quelques instants, embrassant parfois le front de la renarde, puis se décida à lui prendre la main avant de consulter sa montre. À cette heure-ci, le marché battait son plein, et ils auraient encore plusieurs heures avant de devoir se rendre au pied des remparts de la ville... Mais la vieille armurerie n'avait rien de passionnant à offrir pour la jeune femme. Kirya envisagea de visiter les quais plus en amont, qui avaient souvent de bons articles en termes de vêtements et de maroquinerie. Peut-être que Fuyuko aurait l'utilité d'une besace, ou de nouveaux souliers ?
Le mercenaire regarda Fuyuko dans les yeux, tout sourire, et lui vola un court baiser en lui caressant la joue.

-"Et si on allait se balader un peu, tous les deux ?"

Le petit couple prit la direction de la sortie, passant derrière le comptoir, puis devant Le vieux Rupert.

-"Désolé Rupert, la leçon de tir va devoir être reportée..."

-"C'est pas grave, on se reverra sur les remparts de toute façon. Les canons ne vont pas tirer avec des os de poulet !"

Le vieil homme émit un petit rire, ôta de nouveau son chapeau et s'inclina devant Fuyuko en souriant.

-"Repassez quand vous voudrez, jeune fille, vous serez toujours la bienvenue !"

Fuyuko sourit joyeusement et s'inclina légèrement face à Rupert.

"Merci! A une prochaine fois, j'espère!"

Le vieil homme les salua en les regardant partir. Kirya appréciait le vieil homme, même si beaucoup le trouvait foldingue...
Le mercenaire et la jeune renarde suivirent le canal, main dans la main, Jusqu'à regagner l'ambiance plus agitée du marché. Le long des docks, des camelots et brocanteurs de tous poils tentaient de refourguer leurs marchandises aux passants, pendant que le petit restaurant local faisait griller des viandes marinées en terrasse. Même si l'odeur était terriblement alléchante, il faudra malgré tout reporter encore un peu la dégustation...
Kirya remarqua une jonque arborant une enseigne sur sa coque. Le navire aurait été aménagé en magasin ? Le mercenaire plissa les yeux pour lire les mots peints sur l'enseigne en bois.

-"Silk road : vêtements, bagages, antiquités et bijouterie..."

Au moins, la couleur était clairement annoncée. Piqué par la curiosité, Le mercenaire entraîna Fuyuko à bord de la jonque et suivit la flèche indiquant le magasin sur le pont intermédiaire.
Le pont était rempli d'étagères bardées d'articles, des tissus et des lanternes aux couleurs douces éclairant la pièce dans une ambiance feutrée. L'odeur de l'encens venait emplir l'air d'un mélange de fleurs et d'épices fumées capiteux, mais qui curieusement ne donnait pas mal au crâne.
Kirya se pencha sur un ensemble de besaces de cuir et de toile à sac, puis se tourna vers Fuyuko avec un petit sourire.

-"Quelque-chose te ferait envie, ma Fuyuko ?"

Fuyuko remua doucement sa queue de renard et se mit à regarder dans les divers sacs.

"Tu penses que je devrais prendre quoi?"

-"Pourquoi pas ce qui te sembles utile ?"

Kirya n'eut pas le temps d'essayer de répondre. Derrière le comptoir se trouvait une jeune femme au teint basané, fixant Fuyuko avec deux yeux verts en amande cachés derrière une cascade de cheveux auburn. Sa carrure était mince et souple, et ses lèvres minces étaient fendues d'un sourire paisible.
Ce qui semblait être la propriétaire du magasin avança vers Fuyuko en donnant l'impression de se faufiler entre les marchandises comme une anguille et regarda la renarde des pieds à la tête.

-"Tes sandales sont jolies, mais j'en ai quelques-unes qui devraient t'aller comme un gant. Et Je crois que ton homme a dans l'idée de t'offrir un sac, non ?"

Kirya n'aurait pu le nier : Il pensait que Fuyuko aurait peut-être usage d'un sac ou de nouvelles sandales. Mais il tiquait un rien sur la spontanéité de la vendeuse. Ceci dit, il comprenait qu'il fallait faire tourner le commerce...
Il fit un petit hochement de tête à l'attention de Fuyuko et lui embrassa le front.

-"Tu veux y jeter un oeil ?"

Fuyuko regarda la vendeuse, penchant une oreille, puis hocha vivement la tête en souriant.

"Oui, je vais jeter un œil!"

La vendeuse fit signe à la jeune hybride de la suivre et l'emmena devant une étagère sur laquelle étaient exposées des sandales et chaussons de cuir ouvragé.

-"N'hésite pas à fouiller, ce sont tes pieds, après tout."

Elle eut un petit sourire proposa une première paire de sandales romaines, toutes en lanières de cuir avec de petites boucles en laiton.

-"J'ai vu la ferblanterie dans le sac de ton copain. Vous comptez aller à la médiévale de cette ville ?"

Elle fouilla encore un peu et trouva de petites chausses de cuir vert lacées et des sandales en coton brodées. Elle les posa près de la renarde et la laissa fouiller à sa guise, s'appuyant contre la coque du navire.

-"Les lycéennes qui passent ici en parlent tout le temps, surtout des beaux mecs en armure, de la "famille royale" qui doit arriver et d'une histoire de mariage celte. C'est un mariage bidon, alors les gamines tentent de convaincre leurs mecs de se présenter avec elle devant le cureton."

La femme aux couleurs café se pencha vers Fuyuko avec un sourire entendu, la regardant droit dans les yeux.

-"T'as pas l'air d'être la servante de ce garçon : il est trop gentil avec toi. Tu comptes lui demander de te passer la bague au doigt ?"

De son côté, Kirya regardait dans les rouleaux de tissu près de l'entrée et ne pu s'empêcher de faire rouler une extrémité du tissu soyeux entre ses doigts. Il avait ce tic depuis sa petite enfance et n'avait jamais réussi à s'en défaire. Si Fuyuko avait des bas, il serait probable que Kirya les aurait filer à force de pincer le tissu.

Fuyuko tourna légèrement le regard, ses joues prenant une teinte rouge.

"Kwyuh... Je... Je veux pas l'obliger..."

La vendeuse laissa échapper un petit rire devant le visage rougissant de Fuyuko.

-"Mais ça veut dire que tu ne dirais pas non si c'était lui qui te le proposais, hm ?"

Elle semblait s'amuser des réactions de Fuyuko devant l'idée d'un mariage en toc avec le mercenaire.

-"Tu devrais avoir un peu plus de cran, ma petite. Je suis prête à parier qu'il serait incapable de dire non à cette petite frimousse !"

La marchande montra la main de Fuyuko, plus précisément son annulaire garni d'une petite bague.

-"C'est une bague de fiançailles, ça, non ? S'il t'a demandé ça, c'est qu'il envisageait déjà de t'emmener un jour devant l'autel."

Pendant ce temps, Kirya avait réussi à dénicher des coupes en cuivre. Peut-être devrait-il envisager une petite sortie nocturne au bord du fleuve avec Fuyuko, quand le camp dormira ?

-*En parlant de ça, Yubel est étrangement calme...*

Le mercenaire s'était obligé à rester à proximité de l'escalier au cas où Yubel tenterait d'entrer. Une boutique ravagée lui ressemblerait bien et ne lui ferait que l'effet de se dire que c'est une ruine de plus sur une liste longue comme un jour sans pain. Kirya restait aux aguets, mais se demandait ce que pouvait se dire Fuyuko et la vendeuse...