Akihide n'eut pas le temps de placer un mot ou bien d'agir que le renard était déjà rhabillé, déjà partit ! Pourtant il allait proposer à l'hybride de l'argent pour son éventuel manchot. Trop tard. Il n'avait plus qu'à attendre son retour. En attendant, il décida de se rhabiller également, serrant les fesses pour ne pas salir ses vêtements. Il n'avait pas retiré sa chemise donc il n'eut qu'à mettre les boutons. Il aurait du mal à marcher de cette façon. Il soupira en passant sa main dans ses cheveux lorsqu'il sentit deux fins bâtonnets sur le haut de son crâne qui frissonnèrent lorsqu'il les effleura. Aussitôt il s'inspecta et serra les dents. Quand est-ce que tout ça était sortit ? Le renard les avait-il vu ?

Bah ! Il n'aurait qu'à voler jusqu'au lieu du bain ! Mais l'idée de suivre le renard en volant ne lui plaisait pas vraiment. On pourrait le démasquer à n'importe quel moment et puis si le renard piquait une crise dieu seul sait ce qui arriverait à ses ailes ! Sans compter qu'il ne les avait pas utilisée depuis un moment. Il s'assit sur le canapé tout pourri en prenant bien soin de ne pas plier ses ailes. Elles étaient très fragile et le moindre accident le priverait de ses ailes définitivement.

Akihide commençait à trouver le temps long. Il jouait avec ses cheveux, les enroulant autour de ses doigts et les ébouriffant et tirant doucement dessus. Mais que faisait le renard ? Notre abeille commençait à fermer les paupières et à être transpercé des illusions de son cerveaux. Il bailla, clignant des paupières pour ne pas s'endormir. Le renard se faisait-il attendre ? Ou bien avait-il du mal à trouver son manchot ? La deuxième solution serait plus probable. Pour passer le temps, notre abeille se faisait des tresses, fines et bien serrées, car il n'avait rien pour les attacher. Il jouait ensuite avec ses sourcils puis avec son ventre, plus précisément avec son nombrils, appuyant dessus, le pinçant ou encore essayant de le faire sortir. Il commençait à vraiment s'ennuyer.

Lorsque le renard montra enfin le bout de son nez, les cheveux de Bee étaient presque entièrement tressés et étaient ébouriffés. Son nombril était rouge à force d'être utilisé comme passe-temps, et ses sourcils étaient en désordre. Il tenait devant lui l'objet tant attendu, Bee en avait des étoiles dans les yeux.

"C'est fait... Le plus dur a été de trouver ce manchot."

D'un bon envolé et enjoué, Akihide se jeta sur le renard, ou plutôt.. sur le manchot, mais le renard devint rapidement un amortisseur. Il avait été long au point de faire s'ennuyer l'abeille alors qu'il ne se plaigne pas ! Aussitôt Akihide serra le jouet en plastique contre lui. Il lui embrassait le bec comme s'il avait s'agit d'un petit chiot. Il ne remercia pas le renard, ce n'était pas dans ses habitudes. Serrant le manchot fort contre son torse comme pour empêcher quiconque de lui prendre, il fixa le renard d'un air accusateur.

« Tu n'as rien fait avec lui, sur la route ? »

Akihide fronça les sourcils en entendant sa phrase. Il recommençait à le menacer. Il n'avait fait que demander et ce renard recommençait à être désagréable. Qu'est-ce qu'il avait enfin ? Il était partit moins.. énervé ? Que maintenant. Il trouvait son ton de voix plus froid  et plus tranchant. Cette fois Bee en avait ra-le-bol ! Il le gifla, laissant de fines griffures sur cette peau rougie par le coup. Lui aussi pouvait se montrer désagréable s'il le voulait. Tel un parent il lui fit la morale.

« Arrête un peu ! Ton comportement est désagréable ! Tu recommence à me menacer alors que je n'ai fais que te poser une question ! J'ai bien l'impression que tu as besoin d'une grosse claque pour te rendre compte à quel point tu es pitoyable de te comporter de la sorte ! »

Akihide se releva et respira un grand coup pour se calmer. Il fixa le manchot comme s'il était un calmant. L'imaginant sur la banquise et sous l'eau glacée de l'arctique. Un calme impressionnant autour de lui. Il expira lentement et plongea son regard dans celui du renard.

« Si tu veux garder notre contrat intacte, il va falloir que tu coopère. Je ne tiens pas à être le seul à faire des efforts. Je pense que tu prends ton passé comme excuse de ton comportement. Je ne sais pas vraiment ce que tu as vécu, mais il faut tourner la page, sinon tu n'avancera jamais.»

Akihide soupira. Il disait ca mais lui même était un peu figé dans le temps. Non pas à cause de son passé, quoique si un peu, mais surtout parce qu'il faisait toujours la même chose. Sa vie n'évoluait pas vraiment. Et il est vrai qu'il serait le plus apte à recevoir des leçons. Il couchait avec qui veut, connerie. Un jour il tombera sur un psychopathe et on entendra plus jamais parler de lui ! Les personnes qui pensaient de lui voyou ou sale gosse l’oublieraient vite.

Akihide ne doutait pas que sa maladie devait être dur à vivre. Il ne pouvait pas imaginer à quel point et si on lui proposait de tenter l'expérience il refuserait certainement. Mais ce n'était pas une raison pour se comporter ainsi. Quand à son air soupçonneux, notre abeille, face à ce spécimen qu'est le manchot. Pouvait se montrer soupçonneux envers chaque personnes qui une fois au moins ont côtoyé cet animal, qu'il soit réel ou non.

« Je ne crois pas en ces.. psychologues ! Ma mère disait toujours qu'ils nous bourrent de cachets et nous font enfermé même si notre problème serait apte à se résoudre de lui même. »

Pour ce qui était de faire des efforts. Akihide, bien qu'il ne le connaissait que depuis cette journée, ne les avait pas vu nettement. Ou bien ils étaient futiles. Enfin, si le renard pensait faire des efforts, c'est que quelque part, il n'était pas aussi malveillant qu'il avait l'air de le dire. Même le pire criminel garde enfermé au fond de son cœur, les sentiments de bienveillance. Mais enfermés à triple tours.

« Et si tu fais vraiment des efforts, alors fais en sorte qu'on les remarques.»

Notre abeille lui tendit sa main droite pour l'aider à se relever. De l'autre, il tenait son manchot en plastique. Maintenant il était temps d'y aller. Bee avait bien besoin de se laver et le renard n'y réchapperait pas. Et puis,avait-il pu se laver récemment ?

« Bon, tu m'emmène ?»

Akihide l'aida à se relever, plus avec l'aide de ses ailes que de ses jambes. Puis celui-ci commença à avancer, quittant la maison toute pourrie. Akihide le suivait en volant, un bourdonnement qui se voulait silencieux mais qui ne l'était pas résonant dans les rues qu'ils traversaient. Il restait à une certaine distance du renard. Il n'avait pas envie qu'il lui arrache les ailes. Il avait vraiment l'air de mauvaise humeur et ne sortait pas mots à part un bref "on y va". Akihide n'avait pas l'habitude du silence, il avait toujours vécu entouré de bruits. Bien qu'il y ait fait face parfois, il faisait toujours en sorte de briser celui-ci. Mais pour l'heure, mieux valait qu'il se taise. Déjà que ses ailes faisaient un bouquant presque insupportable. Il priait pour ne pas attirer les curieux.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Akihide perdait ses repères dans le quartier résidentiel. Il lui était arrivé de coucher et de passer la nuit chez un friqué mais très rarement, et à ces moment là il n'avait pas vraiment pris le temps d'observer le "paysage", mais il doutait avoir déjà été aussi loin.

Il devait être aux alentour de quatorze heures, voir peut être quinze heures. Une heure plutôt basse pour prendre un bain me direz-vous, oui il espérait bien que se serait un bain, mais il n'allait pas resté dans cet état. Bee s'interrogeait sur la suite de sa journée. Peut être profiterait-il de l'habitation. Que pouvait-elle contenir ? Une télévision ? Depuis combien de temps Akihide n'avait-il pas regardé la télé ? Des années. Même chez ses amants il n'y pensait pas. Y aurait-il beaucoup de nourriture ? Akihide avait récolté assez d'argent pour se nourrir mais il le gardait bien planqué sous la charpente de vielle bâtisse dans l'espoir de pouvoir un jour peut être, quitter cette ville, ce pays, pour un lieu où il ne risquerait pas l'esclavagisme. Ou bien pour acheter sa nature humaine, ou bien pour acheter sa liberté à la fourrière où l'animalerie s'il venait à être attrapé. En bref, s'il achetait de la nourriture avec son argent, il n'achetait que ce qui était le moins cher et donc son alimentation n'était pas variée.

Akihide n'était pas très rassuré en empruntant ces rues malfamées pour la plupart. Mais si le renard passait par là c'était pour une raison bien précise. Certainement pour éviter qu'on ne les remarques, et il avait bien fait car à cette heure il n'était pas rare de croiser des gens dans les rues principales. Notre abeille le suivait sans dire mot. Lorsque le renard s'arrêta finalement devant une grande villa notre abeille siffla. C'est qu'il n'avait pas cherché la petite villa. Enjoué à l'idée de pouvoir agir comme si cette propriété lui appartenait il entraina le renard à l'intérieur. Facile d'y pénétrer, tout était déjà ouvert. Le renard lui avait-il volontairement mâché le travail ? En effet, il semblait simple d'y pénétrer même le tout fermés à clé.

Akihide ne lâcha pas le renard de si tôt, l'entrainant à travers les pièces immenses de cette villa. Comment faisait le propriétaire pour ne pas se perdre ? Lorsqu’il trouva enfin la salle de bain il s'étonna de la grandeur de la baignoire. Un bourge parmi les bourges le proprio ! Sifflotant, il fit couler l'eau. Il l'a voulait brulante. Et sans attendre que le niveau soit assez haut il retira ses vêtements, les laissa tomber sur le sol et entra dans le bain. Quelle sensation agréable..

« Qu'est ce que tu attends ?»